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samedi, octobre 15, 2005

le bus


plus que 300 mètres,
mon coeur palpite,je sens ce poids sur ma poitrine.
Je vois cette femme qui s'empresse,elle est probablement en retard,elle doit travailler dans une trésorerie ou dans une banque,coquète,tailleur bleu-marine,escarpins,cheveux redressés en chignon,et fard à volonté,ça sent l'argent à des miles;ces deux lycéens qui se tiennent par la main,et qui s'arrètent à chaque fois pour s'embrasser,cet homme qui gronde son fils aux cheveux d'or parce qu'il a taché son tee-shirt par du chocolat,et cette bonne vieille dame,qui me toise du regard,son chien dont elle arrive difficilement à maitriser l'élan,elle doit me trouver jolie,ou peut etre bizzare,pourtant je suis calme,j'ai avalé du Xanax avant de sortir,ce policier qui m'adresse un sourire complice,cet homme qui achète son journal et qui s'arrete longuement sur la une:par dessus son épaule je lis un titre un peu ronflant: "colère des colons de Gazza".
plus que 100 mètres,
Quand je me suis réveillée,ma mère était en train de faire sa prière,mon père avait quitté la maison depuis une heure comme chaque matin pour l'atelier de menuiserie,il souffre toujours de son rhumatisme,ses poumons agonisent par l'inhalation de la poussière du bois,et pourtant il se rend toujours à cet atelier,à la meme heure,comme au premier jour ;il y a 30 ans .
Je jette un regard sur la chambre à coté de la mienne:mon frère dort toujours,lui il est sans emploi,quelque fois il travaille comme saisonnier dans des exploitations,mon petit frère dort lui aussi avec son manuel d'Arabe qui lui cache le visage .
en m'habillant ,j'ai bien fixé la charge sur ma poitrine ,j'ai mis mon jeen et un chemisier jaune au dessus qui retombait jusqu'au genoux comme on m'avait dit, et j'ai glissé le détonnateur jusque dans la poche,des baskets noires au pieds,les cheveux noués à la hate,et le tour est joué!
ma mère a fini de prier,je lui baise le front et les mains et je me blottis contre sa poitrine,tout est si simple maintenant,comme je voudrais ne jamais quitter ce refuge,comme je voudrais que l'horloge accrochée au mur s'arrete,des larmes roulent sur mes joues,ma mère se confond en prière pour moi,elle croit que c'est mon premier jour de travail dans une boulangerie à Tel-aviv.
je sors
plus que vingt mètres,
je regarde ma bague de fiançaille et les pans de cette écharpe que tu m'avais offerte,tu te rappelles,je l'avais trouvé tellement laide,que ça t'avais mis en colère,puis nous en avons ris ensemble après autour d'un cornet de frites,tu te rappelles...
du jour ou tu m'avais emmenée au cinéma pour ce film de charlot,tu te rappelles....
moi je n'arrive plus à voir ton visage,tes yeux,tout est éclaboussé de sang.
bassam,mon grand frère t'aimait bien,il disait que tu étais le seul de la famille à me mériter,moi,la perle.
lui aussi je ne vois plus son visage,je regarde son torse nu,si fort,si vigoureux.
ce bus,je l'ai vu à la télévision,le colon aussi,il ne lachait pas son fusil.
le journaliste parle de 6 victimes arabes,
et moi,et ma mère,nous ne comptons pas,ces balles nous ont oté la vie nous aussi!
plus que 10 mètres
je gravis les deux marches du bus,c'est plein
mon regard est vide ,vitreux
comment peuvent -ils continuer à vivre alors que tu n'es plus là,comment peuvent - ils t'ignorer,m'ignorer,ignorer notre amour.
j'appuie sur le détonnateur
plus rien
néant
j'ai pris le bus de nullepart.

vendredi, octobre 07, 2005

autours d'un cas (deuxième partie)


ET LA VIE CONTINUE...
ET LA VIE CONTINUE
ET LA VIE CONTINUE
je me repétais chaque jour cette phrase devant mon miroir.
Chaque jour je me livrais à un rituel particulier,je tatais mes paupières,je tirais mes joues,et j'arborais un large sourire,après avoir mis du rouge,et je me disais:tiens,je suis encore là!
Merci à toi dieu,de me donner cette chance,je vivrai rien que pour l'honorer;
Meci à toi dieu pour la lumière du soleil,pour la verdure des arbres,pour la senteur des fleurs,pour le bleu du ciel,pour l'éclat des étoiles...
Pour la première fois je prenais gout à exister,à observer les gens,les vitrines des magasins,je restais des heures sur les bancs d'un jardin public à contempler le monde bouger,à sourir avec béatitude,en extase.et souvent je me dégotais un amoureux,qui me faisait la cour pendant toute l'après -midi, et je finissais par voir la vie en rose!
Mon ame comme mon corps cicatrisaient doucement.
je repris des couleurs,mon train-train quotidien et bien évidemment mes anciennes occupations .
cela dura 5ans,de longues années de paix et de sérénité,je continuais à me présenter régulièrement aux controles à l'hopital.
et puis un jour,je vis l'ouragan,son oeil rouge qui me lorgnait et une voie doucàtre qui me murmurait:le mal te ronge,te traque,te devaste,le mal ne se rassasie jamais,tu es damnée,vouée à un martyre,une souffrance eternelle.
j'ai une récidive de mon cancer.
"mais c'est impossible,je n'ai plus d'utérus"
"c'est le vagin cette fois,on doit m'amputer de mon vagin"
"un petit rire hystérique me secoua,"et pourqoui ne prenez vous pas mon coeur,pour etre tranquille"
"non,non,et non,plutot mourir"
"venir comme ça et bruler tout,jamais"
et je me tus,
mutisme complet pendant quatre nuits et cinq jours.
j'affrontrai le mal puisqu'il le désir,ma tige et dure.
seconde hospitalisation,seconde cicatrice,je ne suis plus femme,je suis l'ombre d'une femelle.
Une fois je pris le bébé de ma voisine de salle,qui pleurait,et je lui donnais le sein,cet enfant devint pour moi une obsession,je veillais toutes les nuits pour le bercer dans mes bras au point de songer un jour à le prendre et fuir,loin,très loin.
Je regardais les hommes qui venaient voir leurs épouses en couches,ces femme que je trouvais autrefois si fades,si insignifiantes,si betes.Je voyais leur gratitude,la complicité dans chaque mot,chaque regard.
je réalisais ce que j'étais: une loque amère,qui pleure sa solitude.
au bout de vingt jours,je quittais cette hopital ou j'ai failli perdre la tete,avec la conviction ferme de ne jamais y remettre les pieds,meme pas pour ma chimiothérapie.
ET LA VIE CONTINUE...
ET LA VIE CONTINUE...
Y A T -IL UNE VIE AVANT LA MORT
Les filles se sont toutes bien occuper de moi,sans doute par pitié mais probablement aussi parce qu'elle se sentaient autant concernées que moi par cette lutte contre le mal,certaines se sont empresser de me fuir comme la peste,de peur d'etre "contaminées"
je subis l'épreuve de la chimiothérapie,je ne pensais pas que c'était aussi moche que ce que je voyais dans les télénovelas,je suis devenue maigre,pale et chauve comme Maria Dolorès,j'étais un peu l'héroine du service,tous connaissais mon histoire.Personne ne me jugeait.
je continuais à chercher ma voie,ma raison.
Deux ans se sont écoulées depuis .
La paix,je finis par la trouver auprès d'orphelins assoiffés comme moi d'affection, dans un village d'enfants abondonnés ou l'on m'appelle maman.
aujourd'hui,je suis bien dans ma tete,bien dans mon corps.
merci à toi dieu, de m'accorder ma chance,tu fais si bien les choses
A toi le mal , je dis que j'ai vaincu

FIN