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lundi, janvier 14, 2008

Une Morjana dans la mer (2)


-Oiseaux blancs- Iris Raquin

le vent des alizées soufflait sur son visage et faisait virevoleter ses long cheveux noirs,les rumeurs marines emplissaient ses poumons ,imprégnaient tout son être d’un profond bien-être,d’une sensation inouie de liberté, elle ferma ses yeux ,et se concentra sur les murmures des vagues,elle avait l’impression d’écouter une symphonie magique dont elle était la seule à percer le secret,entre elle et les vagues s’établissait une douce connivence,ensemble en jouaient la partition,puis elles ouvrit lassivement ses paupières,son regard se posa sur une grosse sardine suspendue à un hameçon,ses yeux remontèrent tout au long de la canne à pêche jusqu’à une main rugueuse,velue,dont l’annulaire était ornée d’un anneau en or serti d’un faux rubis.
- Belle prise n’est ce pas.
- oui,belle sardine c’est vrai.
- l’autre jour, j’ai même eu un espadon.
- ah bon!
- le truc c’est d’être patient, et de bien observer les vâgues vous savez.
- la pêche,c’est pas trop mon bol.
- pourtant vous devriez essayer,c’est très simple,il faut juste du flair et du temps,je peux vous apprendre,et puis ici, il y a du très bon poisson,c’est pas comme l’autre coté de la ville,ici l’eau est plus chaude.
- …
- je m’appelle Said,et vous
- mouja
- mouja,c’est votre vrai nom
- …
- j’ai l’impression de vous avoir déjà vu,je crois même que je vous connais très bien
- …
- Vous travaillez dans l’agence F*...,c’est même vous qui vzêtes soccupé de mon voyage à la mecque.
- Alors vous êtes l’haj said.
- si on veut,mais j’aime pas trop les titres.
- et ça s’est bien passé.
- parfait,lhamdoullah,parfait,je vais même faire une Omra le ramadan prochain si dieu le veut bien.
- alors je m’occuperai personnellemnt de votre dossier,encore une fois.Sinon,vous faites quoi dans la vie Said.
- rien,je vis.
- …
- la vie c’est fait pour en profiter,sans trop se poser de questions.
- c’est bien,alors vous êtes pêcheur par moment,et le reste du temps vous êtes vivant.
- (éclat de rire),le reste je pêche aussi,je suis « samsar »,voici ma carte visite,terrains,appartements,villas,exploitations agricoles,voitures,associés,buisness international,buisness national,GSM,femme de ménage,adoptiont ,agence matrimoniale,recherche d’emploi…je fais tout,en bas vous trouvrez l’adresse de mon site web.
- waw,impressionnant
- je vous en donne une vingtaine même,on sait jamais,au cas ou vous en perdez une,ou si vous avez quelqu’un en difficulté,pensez à moi,pour le prix,ne vous en faites pas,je fais des facilités de payement,ce qui m’importe c’est le bonheur des gens,j’ai un cœur gros comme la mer moi,je ne demande qu’à aider…alors souvenez vous de moi,je me souviendrez de vous.
Et Said ramassa son sac et s’en alla tranquillement avec sa belle sardine,Morjana souriait en essayant d’imaginer quelle vague pourrait bien être ce Said,une vague bouffon ou une vague Joker, une mouette trois mètre plus loin fixait elle aussi curieusement les vagues des yeux.
- salamou 3alikoum ( que la paix soit sur toi), tu as du feu ma sœur ?
- pardon
- du feu pour allumer ma cigarette
- Non
- Dommage,pourtant j’ai lu dans la revue « la marocaine » de cette semaine que selon une étude très très très sérieuse, 60% des marocaines fument maintenant.
- c’est pas mon cas
- En tant qu’intellectuel j’essaie toujours d’être au courant,et de suivre les nouveautés
- c’est très bien,mais cette revue ,des fois,elle raconte n’importe quoi,je préfère le Journal télévisé de vingt heure sur la chaine nationale.
- tu es institutrice.
- non.
- mon frère a une institutrice qui te ressemble,alors tu fais quoi dans la vie.
- je travaille dans une agence de voyage.
- moi je suis acteur.
- c’est génial!
- c’est pour ça que je suis ici,j’habite en fait à Ouarzazate,tu sais,c’est le temple de l’industrie du cinéma chez nous.
- oui je suis au courant.
- un copain m’a dit que des américains vont tourner une nouvelle version d’othello ici, alors je passe le casting demain.
- waw,bonne chance…mais tu as joué dans quels films avant.
- pleins, pleins,pleins,toutes des superproductions
- bizarre,je suis une véritable cinéphile,pourtant ton visage ne me dit rien du tout.
-c’est normal,je suis figurant,j’ai toujours voulu obtenir un rôle,mais je n’y suis jamais arrivé,je fais toujours parti du décor ,il y a les palmiers,les châteaux,les guerriers et moi, ce n’est pas très luisant je sais,mais tu sais mon rêve c’est de glisser un mot un jour,de faire un geste,de participer à l’action,d’influer,de gérer,tu comprends ce que je veux dire,…mais je n’y arrive pas,mon rêve c’est que tout le monde s’arrête un instant pour que je m’exprime enfin.
-il faut juste y croire, et persevérer, un jour tu glisseras sur ta vague mon frère.
Morjana souriait en tentant d’imaginer une vague figurante.La mouette après quelques envoles rapides au dessus de l’eau,quelques coup de bec au sein des vagues,regagnait à nouveau sa place,près des protagonistes. Une silhouette se dessinait au loin,puis s’approchait de plus en plus des deux promeneurs,il s’agissait d’un jeune homme , svelte,de grande taille,habillé d’un « seroual » en toile verte et d’un leger tee-shirt marron ,ses cheveux noirs coiffés à la mode rasta.
-hola Farid,salam ma soeur.
-salam mon frère,tu as du feu Hatim.
-oui,biensur.
-c’est un de tes amis figurants.
Hatim éclate de rire
-non,du tout,du tout,Hatim le troubadour ,pour vous servir gente damoiselle.
Morjana était abasourdie,ce hatim devait être bien particulier,bien distingué, à en juger par sa manière de s’exprimer.
-Hatim est gnaoui,il joue à merveille le « sentir »,c’est le petit-fils d’un m3allam très connu qui lui a légué l’art et l’âme de cet instrument séculaire.
-Nous nous sommes rencontrés,Moi et Farid,sur les bancs de la faculté de droit,je voulais être juge,lui, y était sur ordre de ses parents,j’ai eu une maitrise en droit,lui n’a jamais dépassé le cap de la première année,c’est un artiste ce monsieur,la toge ne lui convient pas vraiment,je suis solitaire,j’adore la vie à la bohême,sa mère lui a déjà choisi 4 épouses à la suite,mais aucune n’a accepté de l’accampagner dans son errance.
-moi je travaille dans une agence de voyage.
-actuellement,je fais une petite entracte ,depuis 4 ans,je suis un gnaoui , je gratte mon « sentir » de festival en festival,je trimbale mon sac de ville en ville,la foule m’amuse, le haschich m’énivre,et elle est belle la vie , ou biiiiiiiiiiiiiiiiikheir a Sahbi!
Hatim éclate une nouvelle fois de rire
-tu es une vague acrobate,s'exclama Morjana.
Hatim semblait perdu dans le vague,comme si il essayait de percer le mystère de cette question.
-je suis une vague magicienne,je crée ma réalité,celle qui me plait,je vois ce que j’aime voir uniquement,le reste ne m’interesse pas,et toi quelle genre de vagues es-tu ?
-Je ne sais pas ,et pour être honnête,je viens à l’instant de découvrir qu’une vague résonne en moi.
Et le rire sonore,saccadé d’Hatim partit de nouveau,comme un cliqueti de pièces de monnaies.
-Alors viens avec nous sous le chapiteau, peut-être y retrouveras-tu ta vague
le petit groupe s’avança tranquillement,sous le brouhaha de l’océan. Depuis un mois,le cirque des lumières donnait des représentations dans la ville,il avait planté sa gigantesque tente sur la plage,et ses spectacles étaient très prisés,il alliait avec excellence entre le savoir-faire universel en cette matière,et la tradition locale,les numéros de charmeurs de serpents,de dompteurs de singes,de dresseurs d’aigles ,de compteurs d’histoires,succédait harmonieusement aux trapézistes,aux dompteurs de tigres,aux magiciens.
Hamid et Farid connaissaient plein de monde.Ils prirent place à la première rangée. Le spectacle débuta par les clowns,les artistes se suivaient,le public silencieux était cloué d’admiration.

Soudain Hamid souffla dans l’oreille de Morjana :voici la vague funambule.Il s’agissait de Brahim.Brahim est medecin de son état, un vrai « hakim »selon ses patients,issu d’une famille d’agriculteurs du moyen atlas,la terre a toujours été sa réelle mère nourricière,son point d’équilibre,il fit ses études en Russie dans les années soixante-dix,il apprit le russe,visita le pays de Lénine,Moscou,la place rouge,le café pouchkine,la volga,lu avec fébrilité Dostoievski,et tolstoi,se soûla à la Vodka sur des airs de Balalaika.Lui qui paraissaient à ses collègues autochtones tel un curieux animal échappé d’un zoo le premier jour de cours,devint plus russe que les russes.Il rentra après 8 ans au Maroc.Une fois sur le sol de sa terre natale qu’il chérissait tant,il fut convoqué par l’armée pour un service militaire.Dans le temps,il ne faisait pas très bon de venir de l’est,et dans l’armée,Brahim s’évertua à convaincre ses supérieurs de sa bonne fois de capitaliste ou plutôt de sa conviction anti-communiste,ce qui fut un peu difficile.Brahim se retrouva dans un camp à Smara,il apprit à manipuler les armes,il apprit la discipline,et un fait bien particulier allait lui apprendre la bravoure.Un matin à l’aube,Brahim se retrouva prisonnier du POLISARIO.Il aimait son pays,il se battit juqu’au bout.il passa 4 ans dans les camps de Lahmada,il fut maltraité,battu,humilié,il vécu l’enfer,mais il teint bon,et un jour il s’échappa de sa géole.C’est un héro que tu vois là,Morjana.Brahim fut accueuilli en guerrier émérite, en héro de la nation par ses compatriote.la vie normale reprit.Un quotidien de medecin et d’agriculteur aussi,prenant soin des hommes le matin et de ses oliviers l’après-midi.Il se maria et il eu une fille et un garçon ,cette dernière lui donna un petit fils il y a un an,le garçon quant à lui est devenu un jeune homme de 19 ans aujourd’hui, il joue dans une équipe de foot-ball en Australie.Brahim a 47 ans,depuis peu,il a découvert sa vocation de funambule,comme une révélation,un don inné.
Un jour,il monta puis marcha sur un fil.

Morjana était de plus en plus fascinée,de plus en plus charmée par ce qu’elle avait apprit cette journée,par ce qu’elle avait observé comme vagues,elle était heureuse,elle s’amusait tant,ses yeux se levèrent au ciel,et comme par enchantement, au sommet du chapiteau,sur une corde, elle vit la mouette.
Morjana fixa le mystérieux oiseau,la mouette comme si elle répondait à un divin appel, s’envola majestueusement et vint se poser délicatement sur l’épaule de la jeune fille.A cet instant précis,à cette minute précise Morjana secouée d’un intense frisson se sentit renaitre,à cette seconde précise elle était heureuse comme jamais, Morjana a enfin compris… « je suis une mouette,je suis une mouette,…..oui je suis une mouette…je ne suis pas une vague…je suis une mouette ,je ne me briserai jamais contre la falaise,je ne m’évanouirai pas, je planerai dessus,je l’apprivoiserai , je survolerai la mer,de rive en rive,et je marquerai le temps par mon envol,je serai libre...libre...libre, Albatros dans l’océan,je veillerai sur les vagues,j’apprendrai des vagues,je m’approcherai de celles qui me plaisent,je les guiderai, et je délaisserai celles qui me paraissent dangereuses,qui abimeraient mon plumage, j’observerai ces vagues,une à une,et un jour, peut-être j’en serai une…peut-être jamais.

Morjana se leva d’un bond,et pris congé de ses amis,demain,elle ira à l’agence et s’offrira pour la première fois de sa vie un voyage,pourquoi pas Venise,ou les Caraibes ,elle réflechira plus tard à comment payer les frais, elle quittera son travail,elle ne supporte plus ce bureau si étroit,si carré,ni ces dépliants si fades,elle fera autre chose,de la patisserie,du stylisme ou bien elle sera guide des montagnes avec son fiancé,un métier tellement romantique,elle offrira des fleures et du chocolat à sa belle mère,et une belle trousse de maquillage à sa sœur,elle donnera la carte visite de Said à sa voisine,il lui serait certainement d’une grande utilité pour trouver un mari, peut-être entamera-t-elle des études en droit,ou en psychologie,et si elle échoue,tant pis.Peut-être écrira-t-elle un livre sur les vagues.

FIN

samedi, janvier 12, 2008

Une Morjana dans la mer (1)



-"Vague à l'âme"- Sophie Kauffmann


Morjana marchait, marchait , marchait droit devant elle ,sans regarder ni à gauche ni à droite , juste droit devant elle.D'habitude lorsqu'elle est de mauvaise humeur comme aujourd'hui,lorsqu'elle ressent ce je ne sais quoi dans le coeur,pas de la tristesse, pas de l'ennui, ni de la colère,ce sentiment indéfinissable qui fait qu'elle n'est pas heureuse,elle n'arrête pas de tourner en rond, mais cette fois-ci,quelque chose de décisive a changé : Morjana a la jambe rebelle.

Comme la majorité des êtres humains,cette jeune demoiselle est gouvernée par sa tête,elle n'obéit qu'à sa tête,ne se fie qu'à sa tête,et ne se confie qu'à sa tête.Mais depuis quelques temps,celle-ci n'est plus d'aussi bon conseil.
Morjana est fréquemment rongée par ce mystérieux état d'âme qui rend sa tête impuissante.la tête ne cesse de s'affoler et de faire tournoyer tout le monde ;la jambe en premier.Epuisée,La jambe se révolte.Une guérilla paisible éclate dès lors,mais ne secoue que légèrement le reste du corps.Certains comme le coeur trouvent que la tête dérape souvent depuis un moment, qu'elle se fait vieille rêche et aigre,qu'elle doit céder son trône à la jeunesse.D'autre, plus loyaux vassales,se rangent à sa cause et clament que face à l'impétuosité de la jeunesse, la tête surpasse par la sagesse.L'envie de renouveau finit par l'emporter.Ce matin brumeux d'hiver ,Morjana marcha enfin tout droit.

Morjana dévale les ruelles rustiques de cette petite ville côtière du Haouz,puis l'unique grande avenue qui mène au luxueux restaurant italien où se retrouvent convivialement les dignitaires locaux de tout bord ,élus,juges,industriels... puis les sentiers de campagne où poussent ici et là les maisons champignons si caractéristiques de la région avec des chèvres autour et des enfants , puis les clairières des forêts d'eucalyptus, d'arganiers et de thuya , ses jambes bien décidées à la porter jusqu'au bout.

Elle a passé une bien rude semaine.Morjana travaille depuis 3 ans dans une agence de voyage très connue sur la place,elle vend à longueur de journée des rêves aux autres,des billets à destination de paradis sur terre,des promesses d'exotisme,d'aventure,de quiétude ,des envies de dépaysement sur des plages de sable blanc et fin,avec de l'eau bleu carmin ,dans des villes aux tours majestueuses haut dressées ,parfois penchées,des invitations à l'ouverture sur d'autres savoir-vivre , la découverte de nouvelles saveurs.Confortablement assise derrière son bureau,parée d'un magnifique tailleur blanc qui met en valeur l'éclat de sa peau basanée et dont la jupe laisse deviner le galbe parfait de ses jambes,elle use habilement de prospectus de papier glacé aux couleurs flamboyantes qu'elle vous fait feuilleter doucement au son d'une voix mielleuse et d'une logorrhée d'éloges répétitifs se déclenchant telle une machine bien huilée face à chaque client.Un joli sourire souligne en permanence ses lèvres charnues,et des yeux noirs ,des yeux vifs et malicieux,des yeux qui accrochent les vôtres clignent rapidement devant le moindre signe d'hésitation,afin de vaincre les derniers bastions de doutes,
Hors depuis deux mois,Morjana n'a rien vendu,rien de rien,pas même un petit week-end au Michlifen.Son patron est furieux alors que bon nombre de ses collègues,à l'image des vautours aux aguets, se montrent à première vue solidaires avec la future licenciée mais cachent mal leur soulagement de se débarrasser d'une si redoutabale concurrente.Son fiancé quant à lui peine à trouver un emploi,sa belle-mère la déteste parce qu'elle a la langue bien pendue,sa grande soeur parce qu'elle est plus belle,le coiffeur parce qu'elle ne paie plus ses services depuis qu'elle a drainé les trois quart de sa clientèle, et sa voisine parce qu'elle est l'ex fiancée de son fiancé,...
Morjana poursuivait son petit chemin de vie malgré tout,mais il y avait ce sentiment bizarre qui ne cessait de la tourmenter...

Elle est maintenant sur une falaise qui surplombe l'atlantique."Que c'est beau la mer".Perchée sur le rocher , elle se sent aux confins de l'univers,et regarde les vagues se fracasser au contact de la terre,les vagues si molles,fluides,si limpides, qui se jettent avidement sur le rocher dur et impassible,comme on étreint passionnément l'être aimé après une longue absence.Elle contemple les mouettes qui veillent sur elles, déployant timidement de petites ailes à la blancheur angélique, ses jambes émues se plient d'admiration et Morjana s'assied alors que les vagues entre temps continuent leur course effrénée vers le bout du monde.

Emerveillée par le mouvement pendulaire de l'eau,la jeune fille devint pensive tout à coup.une pensée germa dans son esprit:la mer est la fin de son univers,Si elle, Morjana plongeait à cet instant dans l'eau, si elle s'engouffrait dans les méandres de l'océan,elle se noierait surement,la mer n'est autre que la limite de ce qu'elle peut réaliser,l'envie de traverser la mer, de franchir cette limite est si grande,si intense mais inespérée,elle pourrait s'apparenter à son idéal,donc la mer symbolise la barrière entre le rêve inaccessible et la réalité.De la même manière, de l'autre coté, chaque vague s'écrasait avec fougue sur la roche,elle parcourait d'énormes distances pour s'échouer sur la rive,donc la falaise est bien la limite de ce que peut réaliser une vague et la frontière de son univers,la falaise peut aussi être son idéal,mais ce qui est certain c'est que atteidre la falaise est sa mission à accomplir.Chaque vague se résignait tragiquement,courageusement à affronter son sort et signait elle même sa disparition en acceptant son destin de vague,mais peut-elle finallement faire autrement ,comme chaque vague se consume nécessairement au bout d'un périple bien tracé,bien défini.Tout en continuant à observer ce fabuleux ballet marin,Morjana constata que les vagues ne se ressemblaient pas.Certaines vagues ne font que caresser avec douceur le bloc rocheux ,comme pour l'amadouer ou parfois par simple tendresse,d'autres essoufflée par leur long voyage s'y brisaient silencieusement.D'autres s'abattaient sur lui passionnément.D'autres encore avec une telle rage,un tel vacarme,comme si elles se révoltaient contre cette vérité millénaire, comme si elles voulaient le pousser plus loin,gagner encore quelques mètres de vie,alors que des vagues trop faibles s'évanouissaient loin dans l'horizon, avant d'atteindre le rêve tellement escompté.Morjana vit que les vagues,conscientes de leur destin commun de vagues, de ce qu'elles partagent comme quête solennelle ,ou voyage entre les deux balances de l'infini, évoluaient en communauté.Elle fut témoin de fusions brusques et inattendue entre vagues parallèles,elle vit des pacts se sceller tacitement comme par évidence,chacun traduisant selon son intensité ou sa pérennité une alliance passagère ,une amitié,ou un mariage.Elle assista à des divorces,à des ruptures,à des séparations inattendues.Elle vit tantôt des vagues malignes,traîtresses,des vagues sans pitié qui engloutissait les autres pour survivre,pour durer,tantôt des vagues féroces qui jaillissaient comme par miracle pour s'éclipser aussi miraculeusement l'instant d'après,les vagues mensonges,les vagues fantômes.Elle repéra les vagues monstres qui se muent en tendres, et elle remarqua que certaines vagues courtisanes caline d'abordn peuvent opérer le changement inverse.Elles vit des vagues maestro,des vagues reines qui, elles, lancent la tendance.Celles-ci sont particulièrement intéressantes à observer,une vague maestro est toujours suivie d'une salves d'autres identiques,elle s'impose...et les générations se succèdent interminablement,portant dans leur cycle montone ,l'essence même de la diversité...Morjana ne se lassait plus de scruter la mer...les vagues illustrent l'odyssée de la vie humaine...Morjana se sentait vague...Morjana cherchait sa vague...finira-t-elle par la trouver?

Morjana a le vague à l'âme.