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lundi, août 28, 2006

à Green



-le talisman bleu- Ahmed Cherkaoui


ton poème est magnifique,et il serait indigne et ingrat de ma part de le laisser errer au sein des commentaires,j'ai choisi de partager,à mon tour, le plaisir de le lire,et le relire , merci pour tes mots,et merci pour le partage,je me suis permis de l'accampagner d'une illustration,un tableau qui m'intrigue,j'éspère que tu apprécieras si tu es à nouveau de passage en ces lieux


Le Bonimenteur


De mon âme candide, un frisson idiot.
Se plait, avide parleur d’être stupide.
Poète à ses heures le cœur ballot,
De ne s’étancher qu’en la cristalline peau,
Des lèvres limpides de la belle numide.

De mes abysses ivres déferlent des mots.
En quête unique de feuilles écrites,
De lettres mortes charriées aux gré des eaux.
D’océan de flots où dérive mon radeau,
Vers ma sirène et ma baie interdite.

A sillonner tour à tour de l’îlot
Jamais je n’y jetterai mon ancre
Pour gravir ses falaises en assaut
Affreux destin de matelot,
Sans vaillance et sans exploit pour les chantres

Aucune vague à surmonter
Aucun écueil où s’abîmer
Héros perdu dans sa brume
A chercher son étoile
Il n’y a que le vent qui le hume
Sans phare, dissipé dans les voiles

Et cela les eaux l’avaient su
Dans l’orage le ressac n’a de cesse de conter
Sur les plages et par devant les rivages
Dans son chant morose et monotone
La destinée des fous étourdis, éperdus

Green

samedi, août 19, 2006

désillusion



Bernard Noel - illusion _désillusion -


S : je ne veux plus écrire,et ne me demande plus pourquoi !

S' : pourquoi

S : je ne sais pas

S' : lâche, lâche, piètre joueuse, tu te recroquevilles encore, tu te caches derrière le paravent de tes mots, ta seule arme, même ennuyée des mots, tu compte toujours sur eux pour te protéger

S : de qui, … de toi

S' : de ton ego … tu me déçois…waw S, enfin tu as trouvé un adversaire à taille,… ton ego…as-tu peur de le briser,as-tu peur de l’humilier, as-tu peur d’une victoire cette fois, cet ennemi est si différent n’est-ce pas , tu es terrifiante, mais tu baisses si vite les bras, que je n’ai plus nul plaisir à suivre ta lutte , à t’observer, tu ne t’acharne pas, tu ne sue pas, tu ne veux pas saigner, ton combat est d’une telle mollesse...tu me déçois…

S : non, non, et non,…pas ce petit jeu

S': pourquoi ne veux tu plus écrire

S : désillusion

S': et encore

S : désillusion

S': c’est tout

S : oui

S': pourquoi

S : tout ce qui se passe, ces guerres, ces morts…ces images, cette violence…je ne veux plus continuer à mentir, à me mentir, je ne veux plus continuer à parler des rossignols perchés sur les arbres, des coquelicots dans les champs, des sérénades de Roméo sous les fenêtres de sa Juliette , ça ne serre plus à rien , tu comprends N, aucune espèce d’utilité, je n’y crois plus…c’est tellement affreux, horrible, douloureux, vrai , que même le plus gracieux des mots ne réussira point à camoufler le paysage, maquiller la vérité , à créer l’illusion, rien, tu comprends…mes mots sont vides, creux, insensés, mes mots me dégoûtent , ils sont fades, incolores, inodores, mes mots ne me font plus rêver tu sais ,que vais –je dire maintenant, ce que nous savons tous, dénoncer, me lamenter, je ne veux plus parler des malheurs de ce monde, on s’en moque…le temps des silences est venu

S': et alors

S : je me tais

S': trop simple, tu n’es pas convaincante !

S : je n’ai rien à rajouter

S': tu me fais rire, la guerre au Liban et l’indifférence générale t’ont donc tellement démotivée ! Pourquoi écrivais-tu auparavant ? Pour la paix dans le monde ? Pour que les rossignols chantent mieux ? Ou alors était-ce pour quelque fortune ou gloire auxquelles tu aurais renoncé en solidarité avec ces belles libanaises ? Ah S , pour avoir vu des hommes et des femmes aux différentes couleurs je peux te dire que tu approuveras la moitié et renieras l’autre, que depuis que le monde est monde il ne s’agit que d’une course de rats. Que des espagnols aient massacré des aztèques, que des américains aient massacré des
indiens, que des nazies aient massacré des juifs, que des turcs aient massacré des arméniens ,que des anglais aient massacré des indous, que des français aient massacré des algériens , et que de ton vivant, des russes aient massacré des russes, des irakiens aient massacré des chiites, des serbes aient massacré les bosniaques, des hutus aient massacré des tutsis. Ne savais-tu donc pas tout cela ou est-ce les libanais que tu aimes tellement ? Ou alors attends-tu la fin de cette guerre pour te remettre à louer la beauté, parce que cela convient mieux en temps de paix ? Ton silence est ta solidarité ?

S : c’est tout

S': c’est beaucoup

S : (sourire) c’est trop difficile pour toi , il s’agit de moi , et en « moi », tu n’es que novice, a- tu compris qu’il s’agit de moi S', as-tu compris que je ne veux plus être ce que je suis, que je ne veux plus continuer à vivre dans la quête de l’illusion , que je ne veux plus faire vibrer mon utopie par les mots, ce dont je parle n’existe pas, rendons-nous à l’évidence, la beauté, la bonté, la justice,l’égalité, la fraternité, l’innocence , la liberté , la pureté, la paix, sont de belles utopies,… tu ris,… on le savait ,… je sais, la différence est que maintenant , on a plus le droit d’en rêver tellement c’est absurde, c’est ridicule…S', on tue l’enfant S', tu comprends, on tue l’enfant, et moi je veux tuer celui qui végète en moi, je veux l’étouffer, l’assécher, c’est lui qui écrit, qui s’invente ses mots, ses phrases, son monde idéal…je ne veux plus que mes mots vernissent ce que je vois , je veux devenir une brute pour vivre dans ce monde de brutes et ne pas me laisser écraser comme un minable insecte, je ne veux plus cultiver ma sensibilité, la laisser fleurir ici et s’épanouir, j’ai découvert que c’est une plante vénéneuse , alors j’ai trouvé dans le silence le plus noble des poisons !

S' : c’est tout...se radicaliser, c'est ça ta solution!

S : oh S', j’ai écrit, j’ai crée, tout un monde virtuel , je suis parti à la recherche d’autres spécimens de ma race, les écoeurés, les dégoûtés , les esthètes , ceux qui veulent se noyer , se soûler dans les mots, loin de la réalité, ceux qui trouvent que ce monde comme il est n’est pas assez bien pour eux, n’est pas digne d’eux , ceux qui sont conscients qu’ils sont trop supérieurs pour accepter d’y vivre, ceux qui valorisent les valeurs, qui rendent précieuses et glorieuse les causes, qui se donnent la peine d’y croire malgré tout , ceux qui réfléchissent, ceux qui veulent rêver…même en virtuel , je les ai tous invités à en faire partie , une île sur la toile !

S' : et là que tu les a trouvés, tu les abandonnes, tu les chasses, tu fuis

S : j’ai trouvé le réel en miniature, j’ai trouvé les bons, les droits, les sages , les sincères , les intellos, les intelligents, les progressistes, les bons joueurs, les bons farceurs, les drôles,les esclaves des mots, les fanatiques de l’illusion, ces beaux rêveurs, ces excellents mélomanes, des artistes, et les audacieux, les hardis, j’ai trouvé les hypocrites , les voleurs , les singes , les perroquets, les pitres, les superficiels, les frimeurs, les assoiffés de gloire , les fous, les trop sérieux, les m’as-tu vu , les m’as-tu lu , les prétentieux, les donneurs de leçons, les faux poètes , les faux journalistes, les faux docteurs, les faux libres , les faux engagés, et les apprentis terroristes, les bébés obscurantistes …mais rien de bien méchant…et tous très joyeux , j’ai su que l’écriture n’est pas le propre , l’insigne, le blason de ma race !

S': et toi

S : moi

S' : où es – tu dans tout ça, où te situes-tu ?

S : au carrefour, désorientée, déboussolée, moi je suis un peu de tout ça , je ne suis personne et je suis tout le monde, je n’ai aucune étiquette, mais sur mon dos , tu peux coller toutes les étiquettes , en fait finalement, ce que j’ai eu c’est une imperfection atténuée du monde, moins aigue, moins dure, moins vulgaire , plus supportable,plus douce, plus esthétique pour m’exprimer comme tu aime, ce que j’ai eu c’est le reflet de mon imperfection…un écho…ce que j’ai su, c’est que je fais partie du système et que je contribue à ériger ce système que je fuis, ce que j’ai su, c’est que je suis dans un tourbillon auquel il est impossible de faire face !

S': tu es l’incarnation de cette imperfection tu sais, tu es la coupe où se mélange le tout, et ta manie de juger, évaluer, remettre en question, le tout, à commencer par toi-même m’énerve… ah …ce que tu oublies vite…te rappelles tu ce que tu m’as dit un jour en riant, avec assurance, pourquoi écrire ? Pour s’exprimer, pour partager avec les autres des mots et des maux,révéler la beauté là ou elle est cachée, trahir l’authentique, le dépoussiérer, l’astiquer et l’exposer fièrement comme un magnifique objet d’art , gratter la rouille , le rendre luisant, scintillant, rendre le banal magique et le beau formidable, exorciser ses peines et ses doutes, libérer ses pensées. Waw avais-je pensé, envoûté par ta voix, un être supérieur, T’en rappelles-tu, de tout ceci, tu disais que la poésie réconcilie les cœurs, la sensibilité aide les paumés, le verbe est un don de dieu, le pouvoir de mélanger le miel au beurre, et qui es tu pour interdire le rêve, qui es tu pour te priver du rêve ! Enfin, aurais-tu perdu la foi ?

S : non, ma foie est bien plus grande que moi, elle me dépasse, elle est si profondément enracinée celle là, la désillusion n’y peut rien, je ne crois plus en la force du mot, c’est tout

S': Ce que je vois, c’est qu’il te manque un ingrédient essentiel : ne pas se prendre au sérieux, arrête de prendre au sérieux des choses qui ne le méritent pas, arrête de te prendre au sérieux, papillonne, prends du plaisir à ce silence vivant dont parle ce cher suédois que tu n’aimes pas. L’écriture en est la forme ultime.

« Mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?

« Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui
construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant. »
Crache ta désillusion

S : et l’ennui

S': tu ne sais pas cracher, alors apprends à le faire, ça te permettra de te débarrasser de l’ennui pour un moment !

S : (sourire) : soit