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dimanche, février 26, 2006

Scott (2)


Vue des tanneries de Fez



Roman déboursa une coquette somme pour satisfaire cette nouvelle lubie, car Scott avait fait une promesse, le retour, à la raison, au pays est proche!
une semaine à Casablanca fût suffisante pour qu’il s’en fasse une opinion,Scott se rendit compte tout de suite de la différence,cette ville n'a rien d'orientale, elle ne sent même pas l’épice,c'est une piètre reproduction de ces villes européennes,une parodie de l'occident,d'une tristesse,d'une sobriété étouffante,cette ville manque de joie,de couleur,d'originalité,de vivacité,cette ville nouvellement cosmopolite a perdu son identité,on dirait une de ces femmes de rue trop fardées, fanées, vieillies par les lumières des néons,qui déploie tellement de zèle pour séduire,mais qui n’attire plus personnes,des coques vides. Scott n'aime pas Casablanca. Les livres ne mentent pas, il le savait et donc il était tout naturel pour lui de quitter la blanche pour les villes impériales. Ce qu'il cherchait,c'était dans Fez qu'il le trouva,Scott aimait sentir ce poids de l'histoire,du passé,de l'intrigue, le sentir dans l’eau des fontaines qu’il boit, dans l'air qu'il respire, les étroites ruelles où il se promène,les murs où il s'adosse,sur ces silhouettes diaphanes qu’il croise. Il se baladait des journées entières dans l'ancienne ville, son appareil photo autour du cou, et photographiait des gravures, des arabesques , des portes, des enfants, des artisans auxquels il s'était facilement lié d'amitié. Ce qu'il admirait par dessus tout, dans Fez, c'était les mules, cette belle cohabitation entre l'homme et la mule. Je me rappelle encore de ses phrases si sérieuses, si élogieuses, à propos de cet animal.
Il élut domicile dans la Médina, et commença à redonner des cours d'anglais. Durant cette période, il s'enticha à travers la poésie du Soufisme, il lisait les poèmes de Yunus Emre, appréciait la dimension qu'il donnait à l'homme, à dieu, et les faisait lire à ses élèves. En voici un qu'il affectionnait particulièrement:


Si tu as brisé une fois un cœur
Ta prière ne sera pas une prière
Même soixante-dix-huit nations
Ne pourront nettoyer tes mains et ton visage
Si tu as réconcilié un cœur
Si tu as aidé quelqu’un

Si tu as une fois fait la charité à quelqu’un
Ce sera un sur mille, ce n’est pas peu
Yunus prononce ces paroles
Comme s’il mélangeait le miel au beurre
Il vend sa marchandise Son poids est la substance, pas le sel.


J'étais un de ses élèves.

mercredi, février 15, 2006

Scott (1)


Scott,de son vrai nom David Davidov,26 ans,fils de roman et Léa Davidov,juifs,russes, immigrés aux Etats- unis en 1948.Roman est un spéculateur connu à Wallstreet ,sa spécialité:le diamant ,sud-africain;angolais. David est son fils unique, il a reçu la meilleure éducation que puisse avoir un jeune américain de son âge, dans les meilleurs établissements scolaires, Léa y veillait méticuleusement. Tout le destinait à être un enfant prodige, un avocat, comme espérait son père, ou un architecte comme voulait sa mère.
David était new-yorkais dans l'âme, à 20 ans, il décida, dans une grande révélation, de devenir citoyen du monde, se saisit de son paletot, direction, l'Irlande. David avait tellement lu et relu "autant en emporte le vent", était si fervent admirateur de Clarck Gable dans son rôle de "Rhett Butler", connaissait si bien Atlanta, qu'il voulait découvrir la magie des Highlands, palper de près la fougue de ce sang irlandais,et pourquoi pas,rencontrer sa Scarlett,aux yeux vert-jade, à la crinière rousse flamboyante, David était un romantique.
Ce qui était sensé être une simple escapade de 15 jours, dura 7 mois,David sillonna, l'Irlande avec de nouveaux amis,David était en train de se découvrir, Scott était en train de naître, Scott,enterra David .Scott fit de la Bohême, sa devise,sa philosophie, il se convertit au protestantisme, comment, il n'accepta jamais de le dire,hasard,hasard,répétait il sans cesse. Mais Scott ne croyait pas au hasard, ni a la coïncidence, tout pour lui est volonté et désir d'être. Il était anarchiste, depuis toujours, il refusait les fatalités, le destin, les "c'est écrit","c’est comme ça", il refusait qu'on choisisse à sa place, qu'on impose ces choix, même pour son prénom, même pour sa foie.
Scott lisait beaucoup, avait l'esprit rêveur, le goût de l'aventure, était à la recherche de sensations nouvelles, c'est pourquoi il s'envola pour un Safari au Kenya, il en gardait de formidable souvenirs et se hâtait de brandir ses photos en compagnie des rhinocéros et des Massaï, ou de commenter en une spectaculaire gestuelle la traque des lions, à chaque fois que l'occasion s'en présentait, c'est à dire à chaque fois que je le rencontrais.
Il séjourna 4 mois au kenya, ses parents s'inquiétaient, Léa le sommait de rentrer, ses missives soufflaient une colère torrentielle,"enfin, David, nous n'accepterons jamais cette crise d'adolescence","Harvard veulent une confirmation", en vain.
Léa n'a rien compris, pour Scott, le monde était plus gigantesque qu'Harvard, plus vaste que New- York, le monde était d'une étrangeté intéressante , et lui Scott y succombait,se régalait de la fantaisie des hommes .
Il quitta le Kenya pour l'Egypte, oui, Scott était aussi un mordu des pharaons, du mythe. Déjà, à 10 ans il commença à déchiffrer ses premiers hyièroglyphes, à jeter ses premiers sorts par la force d’ Anubis, le dieu chacal, il avait dans sa chambre une jolie miniature des pyramides de Giseh qui ornait son bureau, il était fasciné par Chéops tout particulièrement. L'argent commença à lui faire défaut, ses parents utilisaient ce moyen en guise de pression,et Scott quitta son hôtel cinq étoiles ,pour une mansarde de la médina,en compagnie de deux amis anglais dont il ne parlait jamais.
Scott n'aimait pas parler des autres, il se plaisait uniquement à parler de lui,à l'infini, il se portait une telle adoration,à la limite de l'idolâtrie,une grande curiosité,aimait surprendre,choquer,s'amusait du jugement que pouvait porter les autres sur lui,affirmait que tous ce qu'il faisait est par essence grandiose,fabuleux,en avait l'intime conviction. Quand, je tentais d'interrompre ses long récit par une question "innocente "sur ses compagnons, il esquivait la manoeuvre par un souriant"boy, honnêtement je ne sais pas,je n'ai jamais fais attention"alors qu'il était le plus fin observateur que j'ai connu jusqu'ici! Inutile d'ajouter que ses fréquentations féminines demeuraient, pour moi, du domaine de l'énigme et du mystère.
Donc, Scott se retrouva dans l'obligation de chercher du travail, il trouvait l'idée ridicule, lui qui avait planifié depuis ses dix ans une vie tranquille à dilapider la fortune paternelle, il s'y résigna, et considéra la chose comme une expérience qui enrichira certainement sa légendaire existence, il commença à donner des cours d'anglais à la petite bourgeoisie du Caire.Il était enchanté par cette vie au Caire, cet esprit oriental, il se plaisait dans cette indifférence, cette jovialité des gens autours d'un narguileh, enfin ce laisser-aller si caractéristique. Ici, on se préoccupait peu du temps, pour le plus grand plaisirs de Scott. Scott était dans son élément. Bien évidemment il visitât le pays, le sud, Aswan, le Karnak, la vallée des rois,la mer rouge, Alexandrie,mais il préférait nettement la capitale.
Il apprit l'Arabe, le dialecte égyptien plus précisemment. A Léa,il envoya une photo qui atténua sa colère,une insolite vue de toilettes turque,elle concéda que oui,ce trou était amusant!
Mais au Caire, et dans les ruelles de l'ancienne ville, Scott s'encombra d'un vice,la collection. Il dépensait tout son argent dans l'achat de statuettes, d'insignifiants colifichets, et c'est grâce au propriétaire d'une de ces échoppes poussiéreuses et pittoresques qu'on nomme bazar qu'il eût ses entrées à Alazhar, où il fût très bien accueilli. Il appris à écrire l'arabe, s'intéressa même à la calligraphie, et pire commença à lire dans cette langue, de la poésie. Scott était devenu très populaire,on arrivait même à oublier que cela fait uniquement 3 ans qu'il est là,Scott était un exemple réussi d'intégration;et bien sur,quand vous êtes aimé des égyptiens,comme l'était Scott,vous êtes obligatoirement un grand supporter de leur équipe nationale de foot- ball,dont vous ne rater aucun « spectacle ». C'est en regardant un match de foot-ball, avec des amis, au café, qu'il entendit pour la première fois parler du Maroc et des marocains, et qu'il mastiquât ces délicieux calembours mielleux que les égyptiens savent si bien fignoler sur ce peuple. Scott, se documenta, bêcha dans les livres, et prit une capitale décision. Scott s'embarque pour le Maroc.

dimanche, février 05, 2006

le café des délires


Le monde de l'oubli,et l'oubli du monde .
Un beau lieu de perdition.
Le temple de la paresse, de la lassitude .
Le gite du voyeurisme,de la médisance .
Le refuge des désoeuvrés,des écoeurés,des dévergondés,des libertins,des grands sages , des têtes pleines,et même vides ; des anarchistes , des conformistes , des penseurs , des beaux parleurs , des grands prêcheurs,des saltimbanques,de ceux qui se nourrisent du regard des autres,des buveurs de paroles , de toute cette racaille qui peuple joyeusement notre jungle .
Une loge au théâtre des hommes ,
Mais , avant tout , là où je te vois, là où tu me vois peut-être.
Voilà ce que représente pour moi ce café.

Je vais te parler de cette table,que tu connais si bien,elle est juste en face de toi, c'est de là qu'on t'observe le mieux, elle est ronde , travaillée en fer forgé ciselé de motifs fleuraux ,au mileu trône un cendrier blanc carré,en porcelaine,les chaises sont en rotin .
une de ces chaises est toujours placée au même endroit,au carrefour de quatre tables,et jouxtant l'entrée du café. J'aime m 'assoir sur cette chaise,ainsi,je ne perds aucune des trois discussions.
Je capte chaque mot,chaque soupir vient à mes oreilles sans le moindre effort.
Ma table à moi est silencieuse, je veille toujours à être seul , pour mieux savourer cet instant d'oisivité.
la première fois que je suis venu dans ce café,je tenais dans ma main un journal,tu sais un de ces papiers qui se targuent de te parler du monde et de ce qui s'y passe , bon , je m'assoie convenablement,je croise les jambes et je l'ouvre.
Regard rapide sur les titres,les mêmes sujets,la Palestine,l'Irak,un mot sur la Tchétchénie,l'Iran,...,des déclarations fracassantes de simples mortels , et puis un digne représentant de cet éspèce qu'on appelle journalistes qui veux t'analyser le tout,t'expliquer les différentes stratégies, les enjeux, les dessous de tables,bref un tissu d'horreur et d' atrocités à te glacer le sang. Je survole la page économique,comme d'habitude,des actions qui montent,d'autres qui chutent, des courbes,des diagrammes à n'en plus finir, des bénéfices,des pertes,je saute vers la rubrique des faits-divers,des viols,des meurtres,des vols,le tout noyé dans des plages de publicité, "achetez,achetez, et ne faites que ça,achetez...".
Au coin de la dernière page ,un poème, orphelin ,qui parle d'amour.
Mais ce qui me passionne le plus c'est la rubrique nécrologique que je lis attentivement,je compare les différentes formules pour annoncer le décès,les photos, parfois je tombe sur des avis de naissance, glissés,mystérieuresement là.
Finalement , il n'y a que cette rubrique qui change d'un numéro à l'autre,de nouveau noms,de nouvelles photos, d'autres expressions de tristesse,de regret ou de compassion,et la jungle qui s'en moque de ceux qui disparaissent ou de ceux qui viennent,qui continue à grouiller tranquillement.
Je ferme énergiquement ces feuilles , et je t'aperçois.
Sublîme, tu étais , tu sais,sublîme tu es toujours, et sublîme tu resteras.
Comment peut-on être cruellement beau comme tu l'es, magnifiquement parfait,et ne pas s'en cacher,mais au contraire,l'exiber dans une royale indifférence,l'étaler avec cette grâce insouciante au regard des autres,comme seule toi sait le faire.
Comment peut- on garder cette fière impassibilité , ignorer ce qui nous entoure,qu'il s'agisse de bien ou de mal , le défier avec ce regard placide,comme toi tu fais .
Comment peut-on se placer hors du temps,en balayer les marques, échapper aux rides , en rire , par cette glaciale indifférence, comme toi tu fais,
Comment peut-on crier d'une manière aussi insolente,et sans bruit _ "je suis là bande de sauvages" _ par sa simple présence, comme toi tu fais!
Bénis sois - tu,
toi qui fais face à l'ennui par l'ennui même,par la volupté d'être.
Je suis illuminé,dorénavant moi aussi,je m'engage dans ce type d'existence, de résistance,dans cet égocentrisme épicurien ,je bannirai toute forme de reflexion,car rien ne pourrit l'atmosphère comme la reflexion, je renierai tout sentiment, je ne vivrai que pour moi,et que le monde autours s'écroule si il veut!
j'ai admiré tes courbes, tes combrures, la netteté de ton corps ,j'ai sculpté dans ma mémoire chaque détail de ta volupté, l'ovale de ton visage, et ces boucles qui l'encadrent en désordre,et pour la première fois ce dégout,m'a quitté,j'ai même étais surpris de mon état,du fait que je sois encore capable de sensibilité à ta beauté,de m'en émouvoir malgré la lecture de ce journal.
je suis revenu le lendemain pour te voir,puis le surlendemain,puis chaque jour...
je reste là à te contempler,et nous dialoguons à travers notre silencce.
Ce qui m'attire le plus en toi,c'est ton silence,rien ne m'est plus insuportable,rien ne m'es plus odieux qu'une femme qui parle.
je n'aime pas les femmes qui pensent,celles qui ont une opinion,un avis,les femme intelligentes. Elles sont laides et ennuyeuses.Et en général,une femme qui commence à parler,ne sais jamais se taire.
Un certain poète du nom de Beaudelaire a dit un jour:
"Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste."
idée à laquelle j'adhère complètement!
des fois assi sur cette terrasse , je me demande si c'est moi qui observe le monde,ou si c'est le m0nde qui m'observe,si c'est moi qui me joue de lui,ou si c'est lui qui s'amuse de moi,et que ne fûs ma gêne quand un de ces jours,dans les trois tables on parlait de moi,et de ...toi...les gens trouvais bizzare mon attitude,j'étais le sujet d'ignobles plaisanteries,on y voyais des obséssions cachées,des frustrations... une autre preuve inconditionnelle de la bêtise humaine, à laquelle toi seule a su encore échapper!
te regarder est un plaisir , te regarder est mon ultime plaisir ,pour moi,tu es la perfection incarnée.
Alors,si on juge qu'aimer une statue est anormal, et si le juge est à son insu le père de l'absurde et de la folie; je veux bien être anormal, je revendique ce privilège,et je m'en réjouis.